jeudi 1 février 2007

UNE ENVIE OU UN DEVOIR ? Anne-Catherine de Sauvage



« Former une génération nouvelle pour un monde nouveau traduit en fait le désir de refuser aux nouveaux arrivants leurs chances d'innover ».
Hannah Arendt

UNE ENVIE OU UN DEVOIR ? Telle est la question. Au départ on aurait tendance à dire que faire des études c’est d’abord un plaisir, le plaisir d’apprendre des choses nouvelles, de se former, d’avancer dans ses connaissances et de se construire une culture générale gratifiante. L'école est d'abord le lieu où l'on instruit et où l'on s'instruit. Aujourd’hui, les études supérieures apparaissent plutôt comme un devoir. A priori, les études sont obligatoires jusqu’à 14 ans, mais, après cela ? L’idéal est d’aller au moins jusqu’au bac, un diplôme national qui constitue une passerelle incontournable pour espérer entrer dans la vie active. Mais cela suffit-il vraiment ? Tous ceux qui continuent dans le supérieur savent très bien que non. Le bac est un minimum requis, mais il ne suffit plus pour trouver un emploi valorisant et stable. Le marché du travail est de plus en plus sélectif et mieux vaut avoir un certain bagage avant d’y faire son premier pas, au risque d’être vite déçu, voire dégoûté. Le bac n’est plus alors seulement une passerelle vers le monde du travail, mais plutôt un passeport pour les études supérieures. Le choix de faire, ou non, des études supérieures vient de l’individu, de ses attentes, de ses objectifs et de ses ambitions futures, de son goût pour le travail et de tout un tas d’autres facteurs intrinsèques. Ceux qui choisissent de continuer prennent, sans doute, la voie la plus raisonnable : ils savent que c’est la seule façon de mettre un peu plus de chance de leur côté en se formant davantage et en acquérant une spécialisation, en fonction du cursus choisi et de l’emploi en perspective. Car peut-on vraiment espérer trouver un bon emploi à 18 ans ? La question ne se pose même pas. Les étudiants se préoccupent de leur avenir et notamment de leur emploi. Ils ne se contentent plus de « petits boulots par-ci, par-là ». Ils ont le goût de la réflexion et des rêves de postes à responsabilités. Ils s’affirment plus et savent ce qu’ils veulent. C’est un point indispensable pour s’en sortir aujourd’hui. Les étudiants recherchent de plus en plus des formations spécialisées, déjà professionnelles, qui débouchent sur un métier. Et pour cause ! On en demande de plus en plus. Mais malgré tous les efforts que certains fournissent, il y a toujours des bâtons dans les roues. La société en demande toujours davantage, la pédagogie s’efface peu à peu au profit d’une démesure de la concurrence. Les études, qui seraient soit disant source de plaisir, deviennent un véritable plateau d’affrontement, de confrontation. Les concours que nous sommes sans cesse obligés de passer pour gravir un échelon le montrent parfaitement et déçoivent bien souvent. Peu importe les qualités personnelles de chacun, c’est le meilleur qui l’emporte ! Mais, le meilleur sur quels critères? Sur des points généraux, définis par avance. L’individu est enfermé dans une boîte formatée, ses qualités personnelles ne sont reconnaissables qu’à un second niveau, il faut d’abord correspondre à des données préconçues… Tout cela mis en évidence, on comprend aussi pourquoi certains craignent parfois de quitter le milieu scolaire. Peut-être, est-ce pour rester dans un cocon protecteur ? L’école, les études nous conservent dans un milieu et un environnement que l’on côtoie depuis notre plus jeune âge, elles nous protègent des pressions extérieures. Malgré les envies de liberté, d’indépendance, d’affirmation de soi, certains se sentent préservés dans cet environnement et craignent de se retrouver face à eux même, à devoir dévoiler leurs compétences, à faire face à leurs limites, à des attentes différentes, parfois plus valorisantes, parfois trop contraignantes. En général, ce sentiment se vit à sens inverse : ceux qui sont encore enfermés dans le paysage scolaire rêvant de liberté, d’un monde où ils peuvent s’affirmer, et de l’autre côté, ceux qui sont déjà dans le monde du travail regrettant ces années « paisibles », un peu naïves, des études. Chacun voit à sa façon. Les études permettent de tisser des liens, de conserver l’esprit de groupe, de « classe », chacun est mis au même niveau, il n’y a pas d’échelon, de hiérarchie. Puis viennent les concours et finalement la même concurrence se répète une fois le milieu intégré. Il ne s’agit plus d’avoir la place, on veut sans cesse « grimper ». D’une lutte de devoir, on passe à une lutte de pouvoir. Donc oui, ça sert de faire des études supérieures pour rentrer dans le monde du travail, mais encore faut-il avoir un emploi à la mesure de nos efforts… Et ce n’est pas toujours le cas, le premier emploi est souvent décevant. Alors c’est bien de faire des études, mais à condition d’avoir un objectif précis et une formation bien choisie en tête, qui nous mène à un emploi garanti. Car être bardé de diplômes, juste pour faire prestige et vitrine, pour servir une politique sans en tirer de compensation personnelle n’a pas vraiment d’intérêt.

Ce texte est issu de témoignages d’étudiants de
troisième année -promotion 2006-2007- en cours de
formation en « Licence Sciences de la communication ».
Ils sont présentés ici afin de mieux aider ceux qui
voudraient faire leurs études supérieures à
l’Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse dans le
Département des Sciences de l’Information et de la
Communication. Pour plus d’information :
http://www.sco.univ-avignon.fr/forma_fiche.html?dom=1SHS&mentchoix=INCO&typelmdchoix=L&dipchoix=L3IC&seul=1&- up

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