jeudi 1 février 2007

HEDONISME AMBIGU EMINEMMENT SOCIAL : RÉFLEXION PERSONNELLE SUR LES ETUDES SUPERIEURES Aude Rochat


HEDONISME AMBIGU EMINEMMENT SOCIAL : RÉFLEXION PERSONNELLE SUR LES ETUDES SUPERIEURES Aude Rochat

Dans Oleanna, le personnage de John pose la question « Pour quelles raisons est-ce qu’on peut décider « à bon escient » de suivre des études supérieures ? ». Il propose alors trois solutions.
La première solution, « l’amour des études », décrit une situation où l’étudiant n’est pas passionné par une question ou un terrain particuliers, mais aime le processus d’apprentissage. La posture estudiantine est alors plus importante que le résultat et les connaissances amassées. Il s ‘agit d’un état dans lequel la seul « utilité » est le plaisir à se trouver dans cette situation, une motivation hédoniste. Ce plaisir peut être décrit comme de la curiosité, comme un désir d’évaluation de soi permanent, ou comme une satisfaction de l’encadrement où les rôles et la hiérarchie sont établis et stables. Je me reconnais dans cette première solution : les études sont pour moi un plaisir ambigu. Je me trouve dans un paradoxe. Plus le travail est dur et contraignant, plus je vais travailler et approfondir, plus je me remettrai en question et je souffrirai et plus, finalement, je ressentirai du plaisir en le faisant. Les études universitaires sont une manière de me mettre en danger perpétuellement.
La deuxième solution, « acquérir la maîtrise d’un talent », induit que l’étudiant poursuit un but. Si je suis des cours à l’université c’est en effet pour acquérir la maîtrise d’un talent. Mais ce talent n’est pas une compétence spécifique au domaine d’études des sciences de la communication. Aller à l’université c’est avant tout, selon moi, en ressortir avec, comme bagage, les capacités analytique et synthétique et l’aptitude à se forger une opinion. Je ne cherche pas à l’université des connaissances encyclopédiques qui seront dans des livres et que j’apprendrai par cœur avant un partiel pour les oublier trois semaines plus tard. Je rejoins le propos de John quand il montre que le « boulot » d’un professeur est de provoquer les étudiants. Selon moi, le rôle d’un professeur est de permettre l’accès aux connaissances encyclopédiques basiques, d’amener le débat et de provoquer et réagir suivant des points de vues, y compris le sien et celui des étudiants (en tant qu’entités et non en tant que groupe uniforme).
Quand John énonce ses trois solutions, il se place dans un contexte que Pierre Bourdieu appellerait de lutte des classes. La troisième solution -« une promotion sur le plan économique »- renvoie à l’importance des études dans la société. Cependant, parle-t-il ici, d’une simple augmentation du pouvoir d’achat ou au-delà, d’une intégration dans une classe ? Si les études ne mènent pas forcément à une promotion économique, elles permettent l’intégration plus ou moins consciente à une classe sociale dépeinte par Bourdieu comme dominante. Ici, je ne rejoins pas Bourdieu dans la notion de domination et je suis profondément persuadée que cette apparente hiérarchie est simpliste. Cependant, j’adhère à cette troisième solution dans le sens où je désire, dans la plus grande des utopies, m’intégrer dans des groupes (qui ne soient pas définis par l’origine ou l’appartenance économique) constitués d’entités ayant une capacité de réflexion, d’argumentation, d’opinion.

Plus généralement, on peut se poser la question de l’utilité des études supérieures quand on se rend compte que la majorité des connaissances ingérées pendant un master s’oublient en deux ans ou quand on observe l’instabilité de l’emploi et des salaires dans le secteur de la communication et de la culture (tous niveaux d’études confondus). Il me semble que l’utilité des études supérieures réside principalement dans le plaisir et la perspective d’intégration à des groupes qui auront la volonté de débattre des idées. Les études supérieures ont la même utilité que toute autre activité humaine : l’interaction entre les sujets et la recherche d’activités pour évacuer l’éphémère et l’insignifiance de nos vies.

Ce texte est issu de témoignages d’étudiants de
troisième année -promotion 2006-2007- en cours de
formation en « Licence Sciences de la communication ».
Ils sont présentés ici afin de mieux aider ceux qui
voudraient faire leurs études supérieures à
l’Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse dans le
Département des Sciences de l’Information et de la
Communication. Pour plus d’information :
http://www.sco.univ-avignon.fr/forma_fiche.html?dom=1SHS&mentchoix=INCO&typelmdchoix=L&dipchoix=L3IC&seul=1&- up

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