lundi 19 février 2007

MAIS COMMENT POUVEZ-VOUS DIRE ÇA ? QUE L’UNIVERSITE…


Dans la dernière année de leur diplôme, les étudiants en troisième année de Licence Sciences de la Communication ont été amenés à répondre à cette question «À quoi servent les études ? ». La troisième année est un moment charnière dans les études et dans le cadre du LMD (Licence-Master-Doctorat) : continuer, choisir un master, mais aussi être capable de poser un regard rétrospectif sur les raisons qui ont conduit à l’Université, les difficultés et réussites qui y ont été éprouvées et vécues. À l’origine, les paroles produites par les étudiants n’étaient pas destinées ni à être publiques ni à être publiées. Mais l’intérêt véritable et le témoignage, dans la mesure où ces textes sont nourris de leur expérience personnelle des études, qu’elles représentent nous a amené à demander à une partie d’entre eux l’autorisation d’utiliser leur écrit . Aucun texte n’est ici exploité sans l’accord de celle ou celui qui l’a écrit et ceux qui le souhaitent ont pu décidé que leur texte ne soit pas signé.

Pour préciser quelque peu l’exercice et la question qui a été posée aux étudiants -« À quoi servent les études ? » -, il leur a été demandé d’y réfléchir à partir d’une pièce de théâtre intitulée Oleanna de David Mamet, l’écrivain et scénariste. L’université y est décrite comme une formation nécessitant un ajustement social qui n’est pas évident et qui n’est pas donné à tous : John, professeur d’université et Carol, une étudiante incarnent cette tension :

CAROL. Mais comment pouvez-vous dire ça ? Que l’université…
JOHN. … C’est mon boulot, vous ne savez pas ?
CAROL. Quoi ?
JOHN. De vous provoquer.
CAROL. Non.
JOHN. Et si, pourtant.
CAROL. De me provoquer ?
JOHN. Exactement.
CAROL. De me mettre hors de moi ?
JOHN. Parfaitement. De vous obliger à …
CAROL. Votre travail consiste à me mettre hors de moi ?
JOHN. De vous obliger à …écouter (Pause) : Ah. (Pause.) Quand j’étais jeune quelqu’un m’a dit, tenez-vous bien, que les riches copulent moins souvent que les pauvres. Mais quand ils le font, ils ont plus de vêtements à enlever que les pauvres. Des années durant. Des années, notez bien, j’ai comparé à ce dicton mes propres expériences, pour trouver, aha, ou que c’était le même principe, ou que ah, c’était une variante.
CAROL. Qu’est ce que cela voulait dire ?
JOHN. Rien. C’était un truc idiot qu’un camarade de classe m’avait raconté quand on avait dix ans, et qui n’a pas cessé de me tracasser. (Pause) Quelqu’un vous a dit que l’enseignement supérieur est un acquis indiscutable. Cette notion vous est si chère que ça vous met en colère si je m’avise de la remettre en question. Bon. Bon. Mais n’est ce pas précisément ces choses-là qu’il faut remettre en question ? Je prétends que, depuis la guerre, l’enseignement supérieur est devenu un tel acquis, et une telle nécessité mondaine, que ceux qui aspirent à faire partie de la nouvelle grande bourgeoisie doivent nécessairement épouser cette idée, c’est comme un droit imprescriptible, nous avons cessé de nous demander « À quoi ça sert ? ». (Pause.) Pour quelles raisons est-ce qu’on peut décider à bon escient de suivre des études supérieures.
Un : l’amour des études.
Deux : acquérir la maîtrise d’un talent.
Trois : une promotion sur le plan économique .

1 David Mamet, Oleanna., Arles, Actes Sud-Papiers, 1994, p 30.

1 commentaire:

colinerc a dit…

Bonjour,
Je suis actuellement en Terminale Sciences Médico Social et je voudrais rentrer à la fac de communication d'Avignon l'année prochaine.
Je voudrais savoir si l'entrée est très dûr et quel niveau (environ) faut-il avoir pour pouvoir être accepté.

Merci de me répondre.

e-mail: colinerc@hotmail.fr